Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/491

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Cependant, pour lui faire croire que ce n’étoit que pour passer le temps, on ne fit valoir les marques que fort peu de chose ; mais le duc, deux de ces dames, qui étoient du jeu, faisant bête sur bête, et les mettant toujours l’une sur l’autre, enfin il se trouva mille écus sur le jeu, et ce fut alors qu’avec des cartes apprêtées tout exprès on donna si beau jeu à cette pauvre dupe qu’il crut que la fortune le favorisoit. Il fit donc jouer, mais ce fut pareillement pour faire la bête, tellement qu’il fallut mettre tout ce qu’il avoit d’argent devant lui et faire bon du reste. On ne joua plus guère après cela ; on donna avec de pareilles cartes la vole au duc, et il demanda à cet homme de lui faire un billet de ce qu’il lui devoit. Il fallut qu’il en passât par là, quelque soupçon qu’il eût que cela n’étoit pas arrivé naturellement ; mais, après être sorti (car il n’étoit plus question de comédie), il s’informa plus particulièrement qui étoient ces femmes, et, sans qu’il lui fût besoin de faire de grandes enquêtes, il en apprit tout autant qu’il en vouloit savoir.

Il fut au conseil après cela, et, les avocats lui ayant dit de faire informer contre la maîtresse de la maison, sans désigner le duc autrement que sous le nom d’une personne de qualité, il obtint décret de prise de corps contre elle. Cet homme crut qu’il falloit le lui faire savoir devant que de l’exécuter, afin que, si elle vouloit lui faire rendre son billet d’amitié, on ne lui fît point cet affront. Cet avis lui donna l’alarme : elle en fut parler au duc de Vantadour ; mais le petit bossu lui dit de ne point avoir de peur, et qu’il la garantiroit de tout. L’homme dont il étoit question, n’ayant pas