Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/505

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lieu, mais les mousquetaires, qui avoient su qui ils étoient, ne s’y trouvèrent pas ; en quoi ils se montrèrent plus sages qu’ils n’avoient jamais été : car c’étoit encore une autre jeunesse qui ne faisoit pas moins de folies, et, si l’on n’en parloit pas tant que de l’autre, c’est qu’elle n’étoit ni de son sang, ni de sa qualité.

Les[1] dames, se voyant alors à louer, prirent le parti de se divertir entre elles ; mais comme, sans les chapeaux, les coëffes passent mal leur temps, leurs plaisirs furent si fades qu’elles s’en ennuyèrent bientôt. Ce qui étoit cause qu’on les abandonnoit ainsi, c’est que M. le Dauphin n’avoit nulle inclination pour le beau sexe ; il n’aimoit que la chasse, comme le disoit fort bien de Termes[2], et tous les jeunes gens se régloient sur lui. Toutes les dames qui prétendoient en beauté étoient fâchées de n’avoir pas été du temps du père, ou qu’il ne lui ressemblât pas[3]. [Ce n’est pas que le roi n’aimât encore son plaisir, mais l’âge avoit tempéré ces grands feux de jeunesse, de sorte qu’il ne lui en falloit plus tant.[4]] Enfin[5], comme elles étoient prêtes de se désespérer, M. le Dauphin[6] s’évertua, et, ayant

  1. Ici commence, dans l’édition de 1754, un nouveau pamphlet, sous le titre de : Amours de monseigneur le Dauphin avec la comtesse du Roure. — Nous en avons donné un autre texte (p. 185).
  2. Dans le noël cité plus haut. — Cf. ci-dessus le pamphlet des Amours du Dauphin.
  3. L’édition de 1754 intercale ici un passage qui fait le début de notre texte.
  4. La phrase qui précède ne se trouve que dans cette édition.
  5. Ici recommence, dans l’édition de 1754, le texte des Amours du Dauphin, différent de celui que nous avons donné ci-dessus.
  6. Sur ces premiers amours du Dauphin, voyez les souvenirs