Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/64

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de ses amies ; et l’abbaye de Chelles[1], dont sa sœur a été pourvue, fut encore un effet de sa libéralité. Tant il est vrai que nous n’avons plus rien de cher, quand une fois nous avons donné notre cœur. Cette nouvelle abbesse fut bénite avec une pompe et une magnificence extraordinaires ; c’étoit assez qu’elle fût la sœur de la maîtresse du Roi pour qu’il ne manquât rien à la cérémonie : aussi fût-elle honorée d’un grand nombre d’évêques ; presque toute la cour y assista, et mademoiselle de Fontange y parut avec un si grand éclat qu’elle attira autant de regards sur elle que celle qui en faisoit le principal personnage.

Si toutes ces grâces et ces faveurs dont nous venons de parler avoient été accordées à des personnes qui ne fussent pas recommandables par leur mérite particulier, elles pourroient être sujettes aux changemens ; mais toutes les demandes de mademoiselle de Fontange sont faites avec tant de choix et de discrétion, qu’il n’y a rien à craindre de ce côté-là. Si la V. L. R. avoit autant apporté de circonspection dans tout ce qu’elle a exigé du Roi[2], son oncle[3] ne seroit pas devenu d’évêque meunier ; le proverbe est un peu commun, mais il ne convient pas mal au sujet. On dit que c’est sur sa pure et simple démission que M. de B. V. U.[4] remplit dignement sa place ;

  1. Voy. t. 2, p. 469.
  2. Ceci est en contradiction avec ce que l’on a vu ailleurs de sa réserve, qui étoit qualifiée d’égoïsme.
  3. Guillaume de La Baume le Blanc de La Vallière, oncle de la duchesse de La Vallière, se démit de l’évêché de Nantes en 1677.
  4. M. de Beauveau. Guillaume de La Baume le Blanc de