Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/96

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pour après en faire son profit, ainsi qu’elle se le proposoit.

Cependant M. de Chevreuse étoit au désespoir de n’avoir point de réponse : il se résolut de lui écrire une deuxième fois, et, si sa lettre ne faisoit pas plus d’effet, d’abandonner tout et d’aller lui-même travailler à cette conquête. Il prit donc la plume en main et traça ce sonnet, qu’il enferma dans le billet suivant :

Billet de M. De Chevreusea Guillemette.


C’en est fait, Mademoiselle, et vous avez juré ma mort ; vous serez bientôt satisfaite : car, depuis que je suis absent de vous, mon adorable, je ne puis avoir un moment de relâche à mes maux. Encore si tout au moins vous les allégiez par un mot de votre adorable main, j’aurois la consolation d’être dans votre souvenir : faites-le donc, je vous supplie, et, si vous ne daignez pas répondre à ma prose, du moins répondez aux vers que vous envoie le plus passionné et le plus sincère de tous les amants,

De Chevreuse.

Sonnet à mon adorable Guillemette.

eauté dont les attraits ont captivé mon âme,
Beaux yeux qui m’ont percé d’un des traits de l’amour,
Que je serai heureux si je puis voir le jour
Auquel vous donnerez de l’espoir à ma flamme !