Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/101

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échappé aux railleries secrètes de mes courtisans ; tu sais, cher La Feuillade, combien je suis sensible à de pareils coups. Je n’ai jamais pu les pardonner à Vardes[1] et à Bussi[2], qui s’étoient émancipés jusque-là. Enfin, que veux-tu que je te dise ? ajouta ce monarque affligé ; je tenois entre mes bras ce que j’aime le plus dans le monde ; je me croyois au comble de mes désirs, et je ne sais quel malheur, que je traîne après moi, m’a fait échouer tout d’un coup de la manière du monde la plus fatale ; jamais monture plus douce et plus maniable dans mes premières approches ; mais je ne sais quelle mouche lui fait prendre aux dents[3], la met en fureur contre moi, et m’en laisse de tristes marques. — Il n’importe, Sire, dit le duc au Roi, pour le consoler ; il faut que V. M. tâche de remonter sur sa bête. — [4] Voilà la deuxième fois que j’ai failli la prendre, dit le Roi, et je ne vois que trop la vérité du présage que j’eus à la chasse où étoit le comte, lorsque je manquai deux fois un sanglier. La comtesse est ce sanglier que je n’ai pu blesser encore, et qui m’a mis dans l’état où tu me vois. Pour moi, je crois, ajouta-t-il, que cette femme n’est

  1. Voy. t. I, p. 272, et passim, à la table.
  2. Voy. t. I, préface.
  3. Nous dirions prendre le mors aux dents.
  4. A partir de cette réplique du Roi, les deux textes se confondent. — Voy. p. 88, note 33.