aurez assez reculé, donnez-lui un coup fourré. » Cela fit rire le Roi, qui lui répondit d’un air content : « Je me suis si bien trouvé de tes conseils, que je les veux suivre aveuglément. »
La Reine ayant fait ses couches, la Cour s’en retourna à Versailles, et le Roi résolut de faire la plus magnifique fête qu’on eût encore vue. C’étoit au commencement de mai[1], qui est la saison de l’année la plus belle et la plus riante, et où tout ce qu’on voit semble inviter à l’amour. Cette fête dura neuf jours[2], pendant lesquels le Roi traita plus de six cents personnes ; le bal, la comédie, la musique, les carrousels, les mascarades, rien n’y fut oublié. Je ne ferai pas la description de toutes ces magnificences qu’on peut voir ailleurs ; il suffit de dire que tout cela se passa, non pas dans le château, qui auroit été trop petit, mais dans ce beau parterre[3] qui est un assemblage de bois, de fontaines, de viviers, d’allées, de grottes, et de mille diversités qui surprennent agréablement la vue. On y avoit tendu de hautes toiles, on y avoit fait un grand nombre de bâtiments de bois, peints de diverses couleurs, et un nombre prodigieux de flambeaux de cire blanche, qui suppléoient[4] à plus de quatre mille bougies, rendoient les nuits plus belles et
- ↑ Erreur. Voir ci-dessus, page 31, note 16.
- ↑ Nous sommes en 1672. Il s’agit évidemment des divertissements donnés à Versailles par le Roi à toute sa cour à cette époque. La relation qui en a été publiée répartit ces fêtes en six journées.
- ↑ Furetière définit un parterre : « la partie d’un jardin découverte où on entre en sortant de la maison. »
- ↑ Qui s’ajoutoit à plus de…