Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/137

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L’Amour. — Mes grandes occupations, Madame, en sont peut-être la cause : Il est vrai que j’ai négligé la revue de son cœur, pour courir à des conquêtes plus nouvelles, où l’on m’appelle incessamment.

Vénus. — Allez, mon enfant ; Mars se raille de vous mal à propos. Le Roi est plus sensible qu’il n’a jamais été. Mercure nous dit l’autre jour au palais de Jupiter, que le prince est fortement occupé d’une passion naissante qui le charme tendrement.

L’Amour. — Il est donc piqué ? Ma foi, je ne croyois pas que mes traits lui fussent encore si redoutables.

Vénus. — Quoi ! l’amour ignore ce que l’amour fait ? ah ! l’étrange surprise ! je vois bien que toutes choses dégénèrent : c’est le vrai moyen de faire périr la nature et l’univers, et de les ensevelir dans un éternel silence.

L’Amour. — Ne craignez rien, aimable reine de Cythère, il ne tiendra qu’à moi de le faire renaître ; j’y vais travailler de ce pas avec des soins assidus et dignes de vous. Calmez vos chagrins, et n’en doutez aucunement ; ma gloire y est intéressée.

Vénus, baisant son fils. — Adieu, mon cher fils ; reprens promptement tes flèches et ton flambeau, ne vois-tu pas que tout se ressent de ton inquiétude, et que tu es l’âme et le soutien de toutes choses ? vole donc vite dans les airs : on t’attend au palais de Louis, pour un dessein nouveau.