Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/139

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la marquise

de Maintenon[1], Monsieur Bontems[2], gouverneur de Versailles, étant tous dans le parc de Meudon.

Le Roi, la tête nue à Mlle du Tron. — Hé bien, Mademoiselle, que dites-vous de la nouvelle acquisition[3]

    La Savary fait course
    Pour attraper la bourse
    Du beau Towienski ;
    Mais Luxembourg l’a pris.

    Le beau Towienski était un polonais, alors de passage à Paris, qui avoit obtenu, d’après le chansonnier, les bonnes grâces de la duchesse de Luxembourg.

    S’il s’agit de Mlle du Tronc, aimée de Louis XIV, elle pouvoit avoir en 1709 de 30 à 31 ans, soit 16 à 17 ans en 1695.

    L’abbé de Choisy, dans son Histoire de la comtesse des Barres, raconte que, lorsqu’il alla sous son déguisement, s’établir dans le Berry, il acheta les glaces de la marquise du Tronc, morte dans son château, à trois ou quatre lieues de Bourges.

  1. Sur Mme de Maintenon, voyez t. III, pages 65 etc.
  2. Bontemps. Voy. ci-dessus, page 128, note 49. Premier valet de chambre ordinaire du Roi, servant par quartier, il prenoit le titre d’écuyer et de conseiller du Roi. Ce titre de conseiller du Roi, aussi prodigué que celui de maître d’hôtel, étoit purement honorifique : il en étoit de même du titre de valet de chambre, que prirent d’abord les tapissiers du Roi, et, après eux, jusqu’aux menuisiers du Roi. (Voy. les États de la France.)

    Alexandre Bontemps fut en outre secrétaire général des Suisses et des Grisons, gouverneur de la ville de Rennes, intendant des châteaux, parcs, domaines et dépendances de Versailles et de Marly. C’est à lui qu’est adressée, dans les termes les plus respectueux, la première lettre de Ch. Perrault (Œuvres diverses), qui lui demande une place pour son livre dans la Bibliothèque du palais de Versailles et surtout la fondation d’une Bibliothèque dans la ville.

    Alexandre Bontemps eut trois enfants, un fils aîné, Louis, qui eut encore plus de titres et dignités que son père ; Alexandre-Nicolas, qui fut premier valet de chambre de la garde-robe ; Marie-Madelaine qui épousa le riche Lambert

  3. Meudon. — « Mardi, 1er juin (1694). — Le matin, le Roi proposa à M. de Barbezieux l’échange de Choisy avec Meudon ; il lui demanda pour combien Mme de Louvois avoit pris Meudon dans son partage. M. de Barbezieux lui dit qu’elle l’avoit pris pour 500,000 fr. ; sur cela, le Roi dit qu’il lui donneroit 400,000 de retour et Choisy qu’il comptoit pour 100,000 fr., si cela accommodoit Mme de Louvois ;… qu’il vouloit qu’elle traitât avec lui comme avec un particulier et ne songeât qu’à ses intérêts. » (Journal de Dangeau.) L’affaire se fit, et dès le vendredi suivant M. de Villacerf étoit choisi par le Roi et Mme de Louvois « pour régler le prix des tableaux, des statues et des glaces qui sont à Meudon et que Monseigneur voudra conserver. » (Ibid.) — A partir de cette époque, le Journal de Dangeau parle fréquemment des promenades du Roi à Meudon, et du séjour qu’y faisoit Monseigneur.