Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/141

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Mlle Du Tron, en riant. — Admirablement, Sire ; Choisy n’est point à comparer aux beautés de Meudon, et je trouve que Votre Majesté a gagné à cet échange, quoiqu’elle l’ait bien payé.

Le Roi, la regardant d’un air gracieux. — Vous plairez-vous, Mademoiselle, dans cet agréable séjour ?

Mlle Du Tron, d’une manière tout engageante. — Il n’y a pas lieu, Sire, d’en douter ; s’il m’appartenoit, j’aimerois passionnément un lieu si rempli de charmes, où tout ne respire que le plaisir.

Le Roi. — Vous pouvez, ma belle, compter qu’il sera à vous, si je suis assez heureux pour vous plaire.

Mlle Du Tron, avec fierté. Qui, moi, Sire ? je n’ai pas assez de mérite et de vanité pour aspirer à la conquête du plus grand Roi de l’Univers.

Le Roi, en lui baisant la main. — Que ces douceurs sont charmantes, Mademoiselle, et en même temps dangereuses pour le cœur d’un mortel ! vous joignez aux charmes que le ciel vous a donnés, un esprit tout divin.

Mlle Du Tron. — Sire, Votre Majesté me raille agréablement ; mais je n’ose, par respect, lui dire que la sincérité est plus agréable et embarrasse moins une fille comme moi, qui

    ce ministre, elle se releva et sut s’attirer une véritable considération personnelle… » La suite de cet éloge, surtout dans Saint-Simon, donne la plus haute idée du mérite de Mme de Louvois, et de l’estime qu’avoient pour elle le Roi, la cour et la ville.