Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/142

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vient de province, que ces délicatesses obligeantes et ces agrémens que suggère la politesse de la cour.

Le Roi. — Je vous trouve, Mademoiselle, plus de grâces et plus de charmes que n’en ont toutes celles de ma cour, que l’artifice seul soutient ; cette aimable innocence qui règne chez vous, fait ressentir un des plus grands plaisirs de la vie.

Mlle du Tron, en rougissant. — Ah ! Sire, vous désarmez de tous côtés, et je ne trouve plus d’armes pour me défendre ; vous combattez si bien tout ce que je dis à Votre Majesté, qu’il faut céder et se rendre.

Le Roi, à M. Bontemps. — En vérité, Monsieur, vous avez une aimable nièce ; elle a l’esprit aussi joli que le corps, et j’éprouve que tout ce qu’elle dit va droit au cœur.

M. Bontemps. — Sire, ma nièce vous est infiniment redevable, et Votre Majesté a de grandes bontés pour elle ; qu’en dites-vous, Madame ?

Mme de Maintenon, d’une manière inquiète. — Je ne m’étonne point, Monsieur, de voir l’encens du Roi donné à mademoiselle du Tron ; ce grand monarque aime toutes les jolies femmes, et se fait un plaisir de le leur faire connoître.

Le Roi, l’interrompant. — Il est vrai, Madame, que de tout ce qui est au monde, c’est ce que je trouve de plus beau et de plus engageant ; si c’est un crime que d’aimer, tous les hommes en sont coupables, et seront malheureux pour avoir suivi un chemin si doux.

M. Bontemps. — Sire, je crois, sans déguiser