Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/143

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ma pensée, que c’est le moindre de tous les crimes que celui de l’amour. Hé ! qui peut justement condamner un penchant que la nature donne à tout ce qui respire ?

Mme de Maintenon. — Monsieur, vous appuyez les inclinations du Roi avec un peu trop de complaisance. Savez-vous que la flatterie est un péché mortel, et qu’il ne faut jamais dire plus qu’on ne pense.

M. Bontemps. — Madame, je ne tais point mes sentiments, et j’ai toujours cru que les péchés d’amour étoient bien pardonnables.

Mme de Maintenon. — Ce n’est pas ce que nos Révérends Pères Jésuites disent ; car ils comptent au rang des plus grands crimes la galanterie et les amusements de Cour. Oui, ces Saints Pères disent que Dieu y est offensé mortellement et que l’on se ferme par cette voie peu conforme à la morale de Notre Seigneur, la porte du paradis.

M. Bontemps, en riant. — Quoi, Madame, croyez-vous entièrement toutes les idées du péché que ces religieux nous donnent ? Ah ! croyez-moi, ces bonnes âmes en font un nombre que l’on ne peut condamner avec justice, et qu’en particulier ils approuvent eux-mêmes.

Le Roi, en frappant sur l’épaule à M. Bontemps. — Ma foi, Monsieur, vous êtes admirable en conclusions, et vous avez raison ; ces bons Pères ne suivent pas toujours la morale qu’ils nous présentent[1].

  1. Voyez ci-dessous. Ce trait paraît tout anodin si l’on se reporte aux œuvres des fondateurs ou des réformateurs d’ordres religieux ; il paroîtra bien plus inoffensif