Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/147

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où je n’ai eu nul avantage, la guerre ne me plait plus ; et je trouve beaucoup plus de charmes à courir des loups[1] que j’arrête quand je veux. Dernièrement, dans la forêt de Saint-Germain mes gens prirent deux louves qui peuploient ces bois de petits loups, et, sans le malheur qui m’arriva, j’aurois pris le mâle : le maraut se sauva dans une île où l’on ne put le trouver.

La Princesse de Conti. — Voilà qui est fâcheux, mon Prince ; mais parlons un peu du grand chemin que le Roi fait faire depuis Versailles jusqu’à Meudon ; qu’en dites-vous ? La pieuse Maintenon n’en paroît pas trop contente.

Monseigneur. — Parbleu, Madame, la vieille bigotte a bien d’autres choses en tête que le chemin de Meudon ! Depuis que le Roi a fait jouer les comédiens à Trianon[2] pour la nièce du

    Il donne des ordres fort exacts à tous les officiers, et fait publier des bans pour empêcher le cavalier et le soldat de courir, c’est-à-dire d’aller en maraude… Quoi qu’il n’aime point le jeu, il joue pour faire plaisir à ceux qui aiment ce divertissement. »

  1. Le goût du Dauphin pour la chasse et surtout pour la chasse aux loups étoit fort dispendieux ; pour le satisfaire, il entretenoit depuis 1682 une meute de cent chiens et soixante chevaux ; le personnel des chasses de la maison comprenoit six lieutenants ordinaires, à 1500 liv. d’appointements, payés sur la cassette par les mains du premier valet de chambre, un aumônier, quatre veneurs ou piqueurs, huit valets de limiers, six garde-laisse des levriers, à 1,000 liv. par an, huit valets de chien à 800 liv., un pourvoyeur de l’écurie des chevaux pour le loup : tout ce personnel servoit sous le commandement de M. le marquis d’Heudicourt, grand louvetier de France.
  2. Le 20 juin, le Roi étoit à Trianon, et c’est là qu’il recevoit le serment du sieur de La Tresne, nommé premier