Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/179

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et les bons Pères Jésuites me le représentent si souvent[1] ! C’est aussi le sentiment des principaux de ma Cour, qui disent que mes sujets doivent s’estimer fort heureux que je leur laisse la vie et l’habit, que je pourrois leur ôter si je voulois.

M. de Pontchartrain. — Il ne me convient pas, Sire, d’entrer dans cet examen ; cependant je prends la liberté de vous dire, qu’encore que Votre Majesté soit toute puissante sur la terre, elle ne peut faire trouver de l’argent où il n’y en a pas. Il n’y a que le Créateur de l’Univers qui puisse faire un si grand miracle.

Le Roi. — Enfin, Monsieur, sans tant de raisons, faites ce que vous pourrez et mettez tout en usage ; mais il faut au plus tôt de l’argent, tant pour mes dépenses ordinaires et extraordinaires, que pour celles de la guerre[2] et de Marly[3], dont je ne prétends pas absolument [en] rien retrancher.

  1. Dans ses Mémoires, Louis XIV, parlant des souverains, dit que « le Ciel les a faits dépositaires de la fortune publique. » (Édition Dreyss, I, p. 177) ; — il ajoute (t. II, p. 230) que « les Rois sont nés pour posséder tout et commander à tout. »
  2. La France soutenoit alors trois guerres, en Hollande, en Savoie et dans le Palatinat, — sans parler de ses guerres navales dans la Méditerranée, sur les côtes de France et dans les colonies. — Nous avons donné plus haut (p. 157, note 80) un aperçu des frais énormes de ces guerres.
  3. Un mémoire de Marinier, commis des bâtiments du Roi, sous Colbert, Louvois et Mansart, et reproduit en appendice dans les Mém. de Saint-Simon (Édition Hachette), nous donne l’état des dépenses faites par Louis XIV à Versailles, Saint-Germain, Marly, etc. — De 1679 à 1690 les dépenses pour Marly seul s’élevèrent à la somme totale de