Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/194

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parmi les religieux que parmi les prêtres, dont j’ai été bien surpris. Ces hérétiques croient, et se sont fait une idée de faire parvenir les âmes à la perfection pendant leur vie sans pénitence, sans austérité, sans mortification ; enseignant même que l’homme se doit tenir dans l’indifférence pour ses péchés et dans l’abandon ; et qu’il ne faut pas même demander à Dieu aucune grâce du ciel, ayant une assurance imaginaire que l’on possède Dieu en cette vie, en lui-même et sans milieu.

Le Roi. — Voilà une doctrine bien pernicieuse, mon cousin ; il faut y apporter du remède.

M. l’Archevêque. — C’est à quoi je vais travailler, Sire, et faire condamner les trois livres[1] qu’on a imprimés sur ce sujet.

Le Roi. — Vous ferez très-bien, et j’y donne ma voix avec beaucoup de chaleur, pour le bien de mes peuples.

M. l’Archevêque. — Sire, ils auront une éternelle reconnoissance d’un si grand bienfait, et je puis bien en porter parole pour eux à Votre Majesté. Je prends congé d’Elle, de peur de lui être importun.

    fondatrice illuminée de cette hérésie mort-née, s’étant mise, d’après le conseil de Fénelon, entre les mains de Bossuet, regardé comme un père de l’Église, l’Evêque de Meaux s’associa, pour l’examen de ses œuvres, l’Evêque de Châlons, depuis cardinal de Noailles, et l’abbé Transon, supérieur de Saint-Sulpice. Ils s’assemblèrent secrètement à Issy. L’Archevêque de Paris, jaloux que d’autres que lui se portassent pour juger dans son diocèse, fit afficher une censure publique des livres qu’on examinoit. (Ibid.)

  1. Ces trois livres étaient les ouvrages de Mme Guyon et peut-être la Guide spirituelle de Molinos.