Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La Fortune. — Madame, c’est un mal de mère, que l’on a bien de la peine à guérir surtout quand la matrice…

Mme de Maintenon. — Ne raisonne pas davantage, va où je te dis.

La Fortune. — J’y cours, Madame.

Mme de Maintenon, seule. — Peut-on voir un impertinent pareil à ce garçon ? est-ce à un valet de parler de mal de femme, et de matrice ? Oh ! siècle avancé où toutes choses sont prématurées ! chacun raisonne de tout, sans respect et sans distinction.

La Fortune, tout essoufflé. — Madame, Monsieur Bernier[1] va venir tout à l’heure, il m’a prié seulement de vous dire, que vous eussiez la bonté d’attendre qu’il eût saigné la cavale du prince de Conti, qui vient d’être blessée, et qu’il aime autant que lui-même.

Mme de Maintenon. — Le compliment est assez honnête ; la belle comparaison qu’il fait d’une cavale à moi ! de quoi s’avise-t-il d’aller saigner une cavale ?

La Fortune, en riant. — Madame, un chirurgien, un médecin et un maréchal[2], ne mettent

  1. Bernier, chirurgien, nous est inconnu. Il ne peut être question, en effet, du célèbre médecin voyageur, François Bernier ; celui-ci étoit mort en 1688. Peut-être s’agit-il de Jean Bernier, auteur d’une Histoire de la Médecine et des Médecins (1688 et 1693) ; mais il n’étoit pas chirurgien du Roi.
  2. « On prend enfin ce mot mareschal pour un médecin de chevaux…, et Nicot dit que ces mareschaux avoient soin des chevaux du Roy, à la manière des Empereurs romains qui tenoient un médecin pour leurs chevaux, qui, après, parvenoient à de plus grands emplois. Ainsi Virgile fut médecin des chevaux d’Auguste et puis son favory. Et M. Heroart