papier que quelqu’un a mis dans mon cabinet sur ma table.
Le Roi. — Voyons-le au plus vite, je vous prie, car…
M. de Pontchartrain. — Un fameux pilote expérimenté a fait une nouvelle découverte d’une probette[1], qui fait connoître la force et les relâchements des vents, et combien par chaque air de vent on peut faire de lieues en une heure ; ce qui nous est nécessaire pour mettre un impôt sur cet élément.
Le Roi. — Eh bien, faites faire l’expérience de cet instrument ; et s’il se trouve bon et juste, on n’a qu’à s’en servir.
M. de Pontchartrain. — Auprès de ce papier j’en ai trouvé un autre, qui vient, à ce qu’il me paroît, de quelque esprit satirique ; il contient des remontrances que les vents ont adressées à Votre Majesté ; si Elle n’y fait pas droit, elles pourront la divertir. Les voici.
Le Roi. — Voyons donc vite, car je suis sans cesse exposé à lire et entendre bien des sottises.
Le Roi lit :
Puissant et souverain Monarque, Nous, Éléments, habitants de l’air, enfants d’Éole notre Père, favoris des astres, nous soupirons et nous
- ↑ Probette, boussole. Vieux mot que n’ont recueilli les dictionnaires ni de Nicot, ni de Cotgrave, ni de Monet, ni de Joubert, ni les dictionnaires flamand-françois de 1618 ou de 1634, ni le dictionn. françois-italien de 1648, etc.