Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/211

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donnez-moi du repos, je vous serai obligé. Adieu, jusqu’à une autre fois.

M. de Pontchartrain s’en va.

ENTRETIEN XVII.

Le Roi et Mademoiselle du Tron, qui sort du cabinet où elle s’étoit retirée.

Le Roi. — Quel chagrin pour moi, ma belle demoiselle, de ne pouvoir jouir de la liberté qui est si commune aux hommes ! toujours fatigué d’affaires, je me vois malgré moi privé de ce doux repos, de cette innocente paix, qui fait tout le bonheur de la vie. Oh ! je suis résolu de ne voir plus personne que mon bel enfant, et je défendrai à mes pages et à mes gardes de laisser entrer personne lorsque nous serons ensemble.

Mlle du Tron. — Votre Majesté a raison, Sire ; c’est une peine effroyable que d’être sans cesse occupé du monde ; il est des heures et des moments où la solitude a bien des charmes pour les cœurs.

Le Roi, se passionnant. — Il est vrai, ma divine, particulièrement quand on est avec vous, qui donnez des agréments aux déserts les plus affreux.

Mlle du Tron, en riant. — Sire, Votre Majesté est toujours galante.

Le Roi, lui donnant un baiser. — Qui ne le seroit avec vous, ma chère demoiselle, qui inspirez les beaux sentiments ?

Mlle du Tron, d’un air tendre. — Mon illustre Monarque, que l’amour a d’attraits pour des