Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/217

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ENTRETIEN XX.

Le Roi, dans son cabinet, seul avec Mademoiselle du Tron.

Le Roi. — Je viens, Mademoiselle, d’éviter un grand embarras par les ordres que…

Mlle du Tron. — Eh ! quel est-il mon Prince ?

Le Roi. — Celui des visites qui m’auroient sans doute accablé de complimens ; mais j’en suis délivré, grâce au Ciel.

Mlle du Tron. — J’en suis ravie, Sire ; quel chagrin de n’être point à soi quand on le veut ! En vérité, les personnes Royales sont exposées à mille et mille inquiétudes qui les rongent à tout moment.

Le Roi, en riant. — On trouve le moyen de s’en défaire quand on le veut, ma belle ; il suffit de le vouloir.

Mlle du Tron. — Je n’en doute pas, Sire, mais…

Le Roi, en s’approchant d’elle. — Où avez-vous donc été, Mademoiselle, depuis que j’ai eu le chagrin de vous quitter ?

Mlle du Tron. — Sire, j’ai été prendre l’air dans le parc, où j’ai goûté mille plaisirs.

Le Roi. — Quoi, Mademoiselle, toute seule en cet endroit solitaire ?

Mlle du Tron. — Oui, Sire, je l’aime passionnément, et j’en fais mes délices ; je ne trouve rien de si agréable que la rêverie.