Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/241

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dans la guerre, auroit tout mis en usage pour préserver cette place de la fureur des ennemis, que l’on m’écrit s’être battus en diables.

Monseigneur. — Jamais siége n’a été poussé avec tant de violence.

La Princesse. — Avez-vous vu le prince d’Orange[1], Monseigneur ? la renommée le fait passer pour un grand capitaine, qui même ne craint point la mort dans les plus grands périls.

Monseigneur. — Je l’ai vu plusieurs fois ; c’est un prince fort généreux.

Le Roi. — Il ne l’est que trop pour nous, il seroit à souhaiter qu’il eût moins de courage, aussi bien que le prince de Vaudemont[2], qui tient toujours tête au duc de Villeroy.

    1695, peu regretté du Roi, qui ne l’aimoit point, dit Saint-Simon, et qui lui refusa ce qu’il lui demanda à son lit de mort.

  1. Les éloges donnés au prince d’Orange et au prince de Vaudemont, ennemis de la France, dénotent l’origine de ce libelle.

    Guillaume Henri de Nassau, prince d’Orange, fils de Guillaume, prince d’Orange, et de Marie d’Angleterre, laquelle étoit fille de Charles Ier et de Henriette Marie de France, se distingua dans toutes les guerres dirigées contre la France. Battu en 1672 à Charleroy par le comte de Montal, en 1674 à Senef par le prince de Condé, à Cassel en 1677 par Monsieur, en 1678 près de Mons, en 1691 à Leuse, en 1692 à Steinkerque, en 1693 encore à Steinkerque, toujours par le maréchal de Luxembourg, il fut, à plusieurs reprises, forcé de lever des siéges entrepris contre nos armées. Il mourut le 19 mars 1703.

  2. Charles Henri, légitimé de Lorraine, prince de Vaudemont, né en février 1649, étoit fils de Charles IV de Lorraine et de Mme de Cantecroix, frère aîné de Mme de Lislebonne, dont il a été parlé ailleurs. Il avoit épousé, le 27 avril 1669, Anne-Elisabeth de Lorraine d’Elbeuf.