Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/276

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toujours à ses pieds, d’un air à faire connoître qu’il n’étoit plus à lui : ce qui donna beaucoup de jalousie à toutes nos belles, qui croyoient mériter l’encens de notre Monarque. Le jour qui suivit ce divertissement fut une partie de chasse, où notre adorable étoit vêtue d’un juste-au-corps en broderie, et sa coiffure étoit faite de plumes vertes qui lui tomboient sur le visage et qui lui donnoient un air charmant. La crainte qu’avoit son amant qu’il n’arrivât quelque malheur dans la course à cette aimable chasseresse, l’obligea de demeurer toujours à côté d’elle. Après que l’on eut couru le cerf, Sa Majesté descendit de cheval avec sa chère mignonne, et la mena promener dans la sombreur[1] de la forêt, imitant les dieux champêtres qui n’avoient point de lieu plus propre pour l’exercice de leur amour que les antres et les bois.

L’on ne peut passer sous silence[2] l’action hardie des François dans une sortie qu’ils firent sur les Turcs aussitôt qu’ils furent arrivés au siége de Candie[3]. Quoique les assiégés fussent préparés à les recevoir, en ayant été avertis par une sentinelle qui s’étoit jetée dans le camp le jour précédent, les François néanmoins qui avoient à leur tête

  1. Mot forgé par l’auteur et qui ne se trouve pas dans le Passe-temps royal, d’où ce récit est tiré.
  2. Cet épisode, comme plusieurs des précédents, ne se rattache en aucune façon au récit.
  3. Il ne s’agit pas encore ici de la grande expédition commandée par les ducs de Beaufort et de Navailles à la tête de plus de 5,500 François (25 juin 1669), mais d’une sorte de coup de main tenté par quelques gentilshommes, nommés ici, et qui, d’après les Fastes de la maison de Bourbon, abordèrent à Candie le 29 avril 1668.