Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/277

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le comte de Saint-Paul[1], les ducs de Château-Thierry[2] et de Roannez[3], donnèrent avec tant de vigueur et de courage qu’ils se rendirent maîtres de quatre redoutes de ces infidèles ; ce qui ne s’exécuta pas sans qu’il en coutât la vie à beaucoup des nôtres ; mais les ennemis connurent que s’ils avoient toujours eu à combattre notre nation, ils n’auroient peut-être pas fait tant de progrès dans l’île de Candie. Ce n’est pas que les Vénitiens ne se défendirent en braves gens ; mais il faut aussi convenir que le grand nombre des ennemis qui les attaquoient ne leur donnoit pas la facilité de se défendre, comme ils l’auroient souhaité. Les Turcs furent surpris de voir que trois cents hommes, en quoi consistoient les François, en attaquoient plus de trois mille avantageusement retranchés, et que même ils les forcèrent dans leurs retranchements ; mais leur nombre n’étoit pas suffisant pour faire un progrès assez considérable, afin de remettre les affaires des Vénitiens qui étoient en mauvais état. Le siége de

  1. Le comte de Saint-Paul, fils de la célèbre duchesse de Longueville, la sœur du grand Condé. Né le 29 janvier 1649, Charles-Paris d’Orléans, duc de Longueville, comte de Saint-Paul, fut tué au passage du Rhin le 12 juin 1672.
  2. Henri-Ignace de La Tour d’Auvergne, neuvième enfant de Frédéric-Maurice de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon et de Eléonore-Fébronie de Bergh, neveu de Turenne. Il mourut le 20 février 1675.
  3. Les Fastes de la maison de Bourbon le nomment comte de La Feuillade. En effet, le comte puis duc de La Feuillade avoit bien le duché de Roannez, que sa femme, Charlotte Gouffier lui avoit apporté en dot en avril 1667 ; mais Charlotte Gouffier tenoit ce duché de son frère Artus, qui en conserva le nom jusqu’à sa mort en 1696.