Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/288

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Que je goûtois de bonheur dans l’indifférence,
Et de tranquilles plaisirs dans mon innocence !
Ce bien ne me sera-t-il point rendu ?
Dans ces lieux doux, tout est paisible ;
Hélas ! que ne m’est-il possible
D’y trouver le repos que j’ai perdu !

Après que notre belle solitaire eut goûté la douceur de sa rêverie, elle retourna dans sa chambre, se trouvant fort abattue d’un grand mal de tête et de cœur. Le Roi qui apprit l’indisposition de sa maîtresse, revint promptement auprès d’elle, mais sa maladie parut si violente qu’elle désola ce prince. La duchesse de Créqui[1] et la comtesse de Maure[2] étoient jour et nuit occupées à rendre plusieurs services à notre malade infortunée. Le Roi versoit des larmes continuelles et il s’affligeoit mortellement dans la perte sensible qu’il alloit faire ; mais la mort qui n’écoute ni les soupirs ni les plaintes et qui suit l’ordre qu’elle reçoit, ravit les plus charmantes délices de notre prince d’entre ses bras[3].

Jamais coup n’a paru si rude que fut cette cruelle séparation. Sa Majesté ne pouvoit se consoler en aucune manière, et l’aimable idée de sa belle lui revenoit toujours dans l’esprit. Après les funérailles de mademoiselle de Fontanges, qui furent magnifiques, et dans un grand éclat à Saint-Denis[4], le Roi fut fort longtemps

  1. Voy. t. II, p. 80.
  2. Voy. ci-dessus, p. 265.
  3. Voy. t. II, pp. 467 et suiv., t. III, p. 58.
  4. « Le 28 du mois dernier, dit la Gazette de France du 5 juillet, Marie-Angélique de Scorailles, duchesse de Fontanges, mourut à Port-Royal, au faubourg