Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/289

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sans sortir et même sans voir beaucoup de lumière, se voulant priver de la beauté du jour et du soleil, comme si cet astre avoit contribué à la douleur qu’il ressentoit.

Nous lisons dans l’histoire de France que Henry III, après la mort de la princesse de Condé, passa trois jours et trois nuits enfermé dans une chambre sans manger ni boire. Ce prince étoit si pénétré de ses peines qu’il ne vouloit voir que des visages tristes et des lieux sombres. Il portoit sur ses rubans de petites têtes de mort qu’il faisoit broder exprès, et qui marquoient la mélancolie de son cœur.

Le Roi ayant perdu mademoiselle de Fontanges demeura quelque temps dans un chagrin inconcevable ; mais madame de Maintenon[1], qui a toujours pris un soin singulier de la santé de notre Monarque, tâcha par la plus belle morale du monde de lui faire connoître que tout passe dans cet Univers, et que les plaisirs ne peuvent durer toujours ; qu’il se trouve même une variété perpétuelle dans les choses les plus solides, et que les faux brillants qui accompagnent les honneurs de notre siècle ne sont que des ombres qui se dissipent en un moment. — « Ah ! Madame, s’écria le Roi tout charmé d’un raisonnement si sublime, que je suis heureux de trouver en vous des consolations qui adoucissent l’amertume où je suis ! Je bénis le jour fortuné

    Saint-Jacques, après une longue maladie, âgée de 22 ans. Son corps a été enterré dans l’église de ce monastère, et son cœur a été porté en l’abbaye royale de Chelles, dont sa sœur est abbesse. »

  1. Voy. t. III, pp. 65 et suiv.