Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ces agréables feuillages sortoit un jet d’eau qui faisoit un murmure touchant. Après que le souper fut servi, qui fut accompagné de voix et d’instruments, les plus aimables du monde, le souper étant fini, on eut le divertissement d’un beau feu d’artifice, qui termina tous les plaisirs de cette belle journée. Le lendemain, Sa Majesté avec toutes les dames furent sur la rivière dans de petits bateaux faits d’une politesse extraordinaire, tirés par des dauphins et par des amours qui jetoient des filets dans l’eau pour pêcher[1]. Les jours suivants furent occupés à la promenade, à la chasse et à tout ce qui peut charmer les sens.

Le Roi, qui employoit la plus considérable partie de son temps dans ce qui pouvoit contribuer à sa gloire, ou à l’utilité de ses peuples, peu de jours après ce régal, alla à Dunkerque[2] visiter les nouveaux travaux qu’il y faisoit faire, et Sa Majesté vouloit être présente à tous ces ouvrages, afin de les rendre parfaits, et aussi pour donner courage à ceux qui y étoient employés. L’on peut dire sans hyperbole qu’ils surpassent l’imagination, et que les fortifications de Dunkerque[3]

  1. Ces fêtes mythologiques, dans le goût de la fête donnée à Rambouillet à Cospeau, sont bien de ce temps où les femmes aimoient à se faire peindre en déesses, surtout en Dianes. — Voy. Cospeau, évêque d’Aire, de Nantes et de Lisieux, sa vie et ses œuvres, par Ch.-L. Livet, 1 vol. in-12.
  2. Les nouvelles fortifications de Dunkerque étoient achevées depuis le mois de mai 1671 ; le Roi, qui avoit visité la place le 2 décembre 1662, quelques jours après la prise de possession qui est du 27 novembre, n’y retourna point l’année qui suivit la mort de Mlle de Fontanges.
  3. Dunkerque put supporter, en 1694 et 1695, deux bombardements sans en trop souffrir. Les fortifications furent détruites en 1712, à la suite du traité d’Utrecht.