Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/292

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sont dignes de l’admiration du siècle présent et de ceux qui sont à venir.

Le Roi, qui vouloit voir toutes les entreprises qui se faisoient, se mit en marche, et le vingt-huit il détacha de son armée le vicomte de Turenne avec trois mille chevaux pour aller investir Burich[1] dans le temps que le prince de Condé assiégeoit Vezel, ce qui fut aussitôt exécuté par l’un et par l’autre de ces lieutenants-généraux, avec toute la diligence possible. Au retour de l’armée, Sa Majesté tomba malade d’une fièvre lente qui lui dura longtemps. Les médecins disoient que cette maladie ne pouvoit venir que de mélancolie.

Mademoiselle de La Valière, qui s’étoit retirée aux Carmélites par une sage prévoyance, ayant pressenti, longtemps avant que le Roi la quittât, qu’elle ne pouvoit plus plaire à Sa Majesté et que ses charmes diminuoient de jour en jour, fut ravie[2] d’apprendre la mort de sa rivale. Jamais nouvelle ne lui donna plus de plaisir que celle-là, et quoique cette sœur dolente ne possédât plus le cœur de son amant, elle ne pouvoit souffrir qu’avec une douleur mortelle, que le Roi en aimât

  1. On lit dans les Fastes des rois de la maison de Bourbon, sous la date du 3 juin 1672 : « le Roy prend Orsay en trois jours ; le vicomte de Turenne prend Buric en deux jours ; » et sous la date du 4 : « M. le Prince réduit Vesel en trois jours. »
  2. Rien n’est plus faux que ce sentiment odieux prêté à Mlle de La Valière, qui, depuis son entrée au couvent, fit l’admiration de toute la Cour et de tout son couvent par son détachement sincère des choses du monde.