Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/301

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par tous les moyens du monde de lui en procurer le plaisir. Souvent que cette comtesse surprenoit le Roi dans sa rêverie, madame de Maintenon les laissoit tête à tête moraliser. L’on peut dire que c’étoit le fort de cette aimable femme, et qu’ayant l’esprit aussi solide qu’elle l’avoit, rien n’étoit si charmant que de l’entendre parler.

Un après-dîner, comme notre Monarque étoit seul avec elle, Sa Majesté lui fit un portrait fidèle de son chagrin, et ne le lui déguisa aucunement. — « Ah ! Madame, s’écria ce prince, si vous saviez combien la vie m’est importune, je ne fais rien qui ne me donne de la peine ; en de certains moments ma couronne m’est incommode. — Hélas ! Sire, répondit la comtesse du Lude, l’inégalité qui se trouve dans la vie fait naître en nous ces divers mouvements. Ce qui nous plaît aujourd’hui nous déplaît en peu de jours. Notre humeur changeante ne sauroit se comprendre. — Cependant, Madame, dit le Roi, l’on donne tant d’encens à la raison, à la prudence : de quoi nous servent ces chimères, si elles n’arrêtent pas le cours de nos passions ? — Ces idées, Sire, répartit la comtesse, mettent mon esprit au désespoir ; plus j’envisage ces talents imaginaires, et moins j’aime à m’en souvenir.

    beaucoup d’amis, et où sans aucun besoin, elle faisoit par nature sa cour au ministre, et tout ce qui étoit en crédit, jusqu’aux valets. Le Roi n’avoit aucun goût pour elle, ni Mme de Maintenon ; elle n’étoit presque jamais des Marlys, et ne participoit à aucune des distinctions que le Roi donnoit souvent à un petit nombre de dames. »

    Est-il besoin de dire maintenant que la conversation qui suit n’est ni vraie ni vraisemblable ?