Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/311

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mademoiselle de Béthune comme la dernière de toutes les filles ? De plus, mon neveu, continua cette bonne femme, vous avez un attachement qui n’est pas des plus honnêtes avec madame de….. et qui ne plaît aucunement à tous vos amis. Retirez-vous avec prudence de ce commerce criminel, et je ferai tout mon possible pour vous procurer cette jolie mignonne. — Ce que vous dites, ma tante, répondit le comte, est à peu près raisonnable ; mais vous saurez que, quand l’on a une fois donné son cœur, il est bien difficile de le reprendre. Je vous avoue que j’aime la baronne de…, qui est la plus belle femme de France, et qui mérite le mieux les adorations d’un galant homme. Tant que cette adorable personne possèdera mon cœur, le mariage me sera fort indifférent, mais non pas les galanteries. — Mon neveu, répartit madame de La Roche, en riant, si vous aimez, autant que vous voulez me le persuader, votre belle, vous devez lui être fidèle ; ce que vous n’êtes point, puisque vous cherchez les moyens d’en conter à une autre. — Ah ! ma tante, répliqua M. de Marsan, il ne faut point mettre un ordre si régulier dans la conduite de la vie. L’amour se plaît dans la variété et le changement. D’abord que cet enfant est attaché, il meurt. C’est pourquoi, par un motif de charité qui est fort humain, l’on doit lui donner la liberté de courir où il veut, afin de lui conserver la vie. — Où avez-vous appris, Monsieur, dit la bonne tante, cette morale admirable qui porte sa charité jusques à l’amour ? — Ne savez-vous pas, ma tante, répondit le comte malicieusement,