Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/313

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rire en écoutant les belles instructions de sa bonne tante, qui lui marquoit avec le doigt tout ce qu’elle disoit ; mais, ayant bien moralisé, la conclusion de la prière que le comte fit à sa chère tante fut de lui procurer le bonheur de voir quelquefois chez elle mademoiselle de Béthune, ce que madame de La Roche eut bien de la peine à lui accorder ; mais comme elle aimoit son neveu tendrement, elle se laissa persuader plus facilement, ce qui donna une joie inexprimable à notre passionné amant, qui brûloit d’envie d’entretenir un instant la charmante enfant qui l’occupoit si agréablement. Il demanda donc à sa tante quel jour cette belle pourroit venir chez elle, et qu’il y viendroit aussi. — « Ah ! mon neveu, répartit madame de La Roche, il faut user de grande précaution dans une affaire si délicate. La marquise de Maintenon est la plus sévère de toutes les femmes, comme je vous l’ai déjà dit, et a beaucoup de confiance en moi ; c’est pourquoi je serois au désespoir qu’elle sût que vous venez chez moi souvent, car elle empêcheroit bientôt que mademoiselle de Béthune ne me vînt voir. — Ah ! dit le comte, j’en serois au désespoir ; mais il faut que je vous avoue, ma tante, que j’ai de la peine à souffrir qu’une vieille ridicule comme cette femme-là occupe encore la terre. Elle enrage de ce que les plaisirs l’ont quittée, et qu’elle n’est plus capable d’en inspirer. C’est pourquoi elle s’oppose si fortement aux galanteries de la jeunesse. Vous saurez, ma chère tante, que, quand on est sur son retour et qu’on n’a plus de mérite pour charmer les cœurs, l’on