Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/314

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s’en fait un de paroître bigote, et c’est la retraite ordinaire de toutes les femmes de la Cour. — Mon neveu, ne vous emportez pas contre cette dame ; c’est la plus modeste, et la plus sage qui fût jamais. — Il faut bien qu’elle le soit malgré elle, répliqua notre comte, car l’on n’en veut plus. »

Mademoiselle de Béthune, qui entra, surprit le comte qui auroit encore dit plusieurs duretés contre la sévérité de la marquise de Maintenon ; mais la présence d’un objet si charmant rappela toute la douceur de ce tendre galant, qui dit mille choses obligeantes à cette belle mignonne, qui parut un peu embarrassée à répondre à toutes les galanteries du comte.

Madame de La Roche, qui remarquoit bien que son neveu étoit fort amoureux de cette jeune demoiselle, et que toute la morale dont elle s’étoit servie n’avoit pu arrêter le torrent passionné de M. de Marsan, trouva à propos de ne se rendre point incommode à la passion de son neveu, et que tant qu’elle le verroit dans les bornes de l’honnêteté et de la modestie, elle n’auroit rien à dire. Mais c’est une chose bien difficile à observer que la retenue à un homme qui aime tendrement ; il auroit bien besoin d’une chaîne pour retenir son emportement. Ce ne sera pas la raison qui triomphera de l’amour, au contraire, elle ne fera qu’irriter cette passion avec tous ses vains raisonnements.

Laissons la raison, tout impuissante qu’elle est, et voyons présentement nos amants qui goûtent à longs traits le plaisir de se voir le plus souvent qu’il leur est possible, et qui