Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/316

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Aimable et charmante verdure,
Qui faites l’ombre de ces lieux,
Et qui suivez de la Nature
Le penchant doux, délicieux,
Hélas ! je viens dans ce bocage
Vous prier couvrir mes ennuis ;
Quoique j’aime, on me croit volage ;
Mais vous savez ce que je suis.

Mademoiselle de Béthune, qui attendoit depuis longtemps M. de Marsan, se promenoit tristement dans un parterre de fleurs quand il arriva. Le comte ressentit une joie en voyant son aimable maîtresse, et lui dit d’un air tendre : « Ah ! mon adorable, je vous ai attendue ici plus de deux heures, mais mon impatience m’a fait prendre l’air du bois. — Je crois, Monsieur, répartit notre belle, que la sympathie se mêle de tout, quand on aime, car j’avois aussi une grande envie de vous voir. — Mademoiselle, répondit le comte, d’une manière toute passionnée, si l’amour pouvoit vous rendre le cœur aussi sensible que moi, je ne serois plus à plaindre ; mais si mon mal augmente, et que vous ne soyez pas touchée de mes peines, hélas ! c’est fait de moi. — Prenez soin de vous-même, Monsieur, dit la charmante en souriant, car ce seroit bien dommage qu’un homme aussi joli que vous et aussi galant n’occupât plus l’agréable séjour des mortels. L’on n’a jamais vu personne mourir d’amour, continua cette incomparable, si ce n’est dans des histoires, où l’on souffre mille maux imaginaires. — Cependant, Mademoiselle, répliqua M. de Marsan, je sais que je vous aime réellement et sans imagination, et que tout ce que je sens pour vous ne sont pas