Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/323

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objets qui sont aimables. » Sa Majesté se mit à rire avec notre mignonne de la belle humeur de la marquise de Maintenon, qui tournoit toute chose en galanterie, et qui disoit toujours mille équivoques sur la mélancolie de son malade.

La conversation étant finie, le Roi ramena les dames à Saint-Cyr, où Sa Majesté fut longtemps à visiter tous les parloirs et les réfectoires de l’abbaye, qui sont d’une propreté admirable et qui répondent bien à la générosité et la grandeur d’âme de celle qui en est la supérieure.

Le lendemain, mademoiselle de Grancey fit un fidèle récit de la conversation qu’elle avoit eue avec le Roi, à madame de Maintenon, qui demanda à cette belle jusqu’à la moindre circonstance, même les termes dont il s’étoit servi pour lui marquer ce qu’il sentoit pour elle. — « Quoi, madame, répondit notre jolie mignonne assez surprise, est-ce que le Roi m’aime ? — Oui, ma chère enfant, dit la marquise, je sais que vous ne lui êtes pas indifférente, et qu’il ne tiendra qu’à vous de faire son bonheur. — C’est ce que je ne sais point encore, répartit mademoiselle de Grancey, car Sa Majesté ne m’a dit rien de tendre, au contraire ; elle ne m’a entretenue que de mode, que de cartes et de mille autres choses à peu près de cette nature. Il est vrai que ce Prince a trouvé mon habit fort propre[1] et qu’il me seyoit très-bien ; mais, hélas ! n’avoit-il rien de plus doux à me dire, s’il m’aime un peu ? » Madame de Maintenon sourit de la pensée de son aimable disciple, et

  1. Elégant.