Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/332

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ce qui arriva, car le comte de Souche questionna fortement le prince sur tout ce qui s’étoit passé la nuit et il lui dit qu’il avoit été pris d’un violent mal de tête. C’est pourquoi il s’étoit retiré chez lui de bonne heure. — « Et ma femme, lui dit ce mari infortuné, où l’avez-vous laissée ? — Je l’ai conduite, répartit le prince d’un grand sérieux, jusqu’à la porte de sa chambre, mais ce qu’elle a fait je ne le puis dire. »

Le comte de Souche, n’étant pas fort content de la conversation du prince de Vaudemont, retourna à sa maison faire plusieurs questions à ses valets, mais ce fut en vain, car tous ceux qui étoient au logis avoient dormi pendant que nos tendres amants s’étoient donné les derniers témoignages de leur amour. La comtesse, s’étant levée, alla trouver son mari à qui elle fit mille caresses, qui ne partoient point de son cœur, mais qui étoient seulement apparentes. Le bonhomme s’en contentoit, ne pouvant avoir mieux, et se croyant dans des moments le plus heureux de tous les humains. L’apparence a quelquefois bien des charmes, mais quand on l’examine de près tous les attraits diminuent : voyons le comte de Souche qui vit le plus agréablement qu’il peut avec sa femme, et qui se fait des plaisirs au milieu de ses peines.

Le printemps, qui commençoit à naître, inspira à notre comtesse le désir d’aller à la campagne, afin de goûter à longs traits le délicieux plaisir de la promenade. Les doux zéphirs ayant succédé aux rigueurs de l’hiver rendoient toutes choses charmantes. Après que Mme de Souche eût joui avec son illustre mari de ses aimables