Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/336

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tuorbe afin que, quand le bonhomme viendra, il nous voie dans un grand attachement. » La pluie qui tomboit, avoit contraint le prince de retourner à sa maison plus vite qu’il ne vouloit. Cela attrista M. Desnué, qui n’avoit pas envie de toucher le clavecin, et qui aimoit bien mieux badiner avec sa belle ; l’on marqua pourtant de la joie au comte, quand on le vit, et même on lui dit qu’il avoit été bien longtemps absent, ce qui lui fit plaisir, car il étoit bien aise qu’on le caressât un peu.

Le lendemain, le comte de Souche, qui avoit vu courir plusieurs lièvres dans le bois, fut avec ses chiens à l’affût tout le soir, ce qui plut extrêmement au prince de Vaudemont, étant délivré de la présence importune de celui qui le gênoit. La comtesse, qui étoit indisposée, se retira dans son cabinet pour se reposer un peu. M. Desnué demanda à Metillon, qui étoit la demoiselle de Mme de Souche, où étoit sa maîtresse. — « Elle est, répliqua-t-elle, Monsieur, montée en haut, mais je ne sais si Madame est dans la terrasse ou dans son cabinet. — Je m’en vais voir, » répondit le prince déguisé, qui courut promptement chercher son aimable écolière, qui dormoit à demi sur un petit lit de Turquie[1], qui étoit fait de velours vert avec une campane[2]

  1. « Les Turcs n’ont point de lits, dit Furetière, mais seulement des matelas qu’ils étendent la nuit sur un sopha. » Vo lit.
  2. « Crespine de fil d’or, ou d’argent ou de soie, qui se termine en petites houpes façonnées et qui représentent une cloche (campana). On en met aux pentes d’un lit, aux impériales de carosses et aux autres endroits où on veut mettre de riches crespines. » — Furetière, vo campane.