Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/63

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que cet équipage ; tout répondoit à l’ordre et à la magnificence du Roi. Les dames ressembloient à de jeunes amazones, et les messieurs s’étoient ajustés d’une manière qui avoit quelque chose de galant et de guerrier. Le Roi surtout se distinguoit par dessus tous les autres, et, avec cette mine fière et cet équipage de chasseur, on l’auroit pris pour un Mars ou pour un Apollon. Il avoit toujours les yeux sur sa maîtresse, et il pensoit bien moins aux bêtes qu’on alloit courre, qu’au cœur qu’il avoit dessein de surprendre. On ne fut pas longtemps dans la forêt, que les chiens lancèrent divers cerfs, et plusieurs autres bêtes fauves ; les uns se mirent à piquer[1] après les chiens, et les

  1. Terme d’équitation. « Piquer, à l’égard des chevaux, c’est, dit Furetière, les manier avec les éperons ou le poinçon (sorte d’aiguillon dont on piquait la croupe des chevaux). Il faut bien piquer pour aller de Paris à Rome en sept jours. » — On disait, et l’on dit encore, en faisant usage de ce mot, piquer des deux.