Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/90

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avoient fait une partie de jeu, où il y auroit plusieurs dames. — « Et comme je lui ai demandé si la comtesse son épouse en seroit, il m’a répondu que non ; que depuis sa maladie elle n’aimoit point à veiller, mais se couchoit toujours à dix heures. — Cela va le mieux du monde, dit le Roi ; pour moi, je vais dire qu’on me laisse seul, et je me déguiserai si bien, quand il sera nuit, que je sortirai sans qu’on s’en aperçoive. Il n’y a que cent pas à faire pour être à l’appartement de la comtesse.

Toutes choses étant ainsi disposées, le Roi se prépara à cette grande expédition ; il comptoit les heures et les minutes, et jamais jour ne lui a paru si long. Enfin, la nuit vint, cette nuit tant désirée, et qui est si favorable aux amants.

Quand les onze heures sonnèrent, qui étoit l’heure du signal, il sortit de son cabinet en robe de chambre avec un simple gentilhomme qui l’accompagnoit. Dès qu’il fut à la porte de l’appartement du comte, il dit à ce gentilhomme de l’attendre, et de ne dire à personne où il étoit, sous peine de la vie. Les courtisans étoient assez accoutumés à voir faire au Roi de semblables équipées, qui marche en cela sur les traces de son aïeul Henri le Grand. Le Roi ne paroît pas plus tôt, qu’il rencontre un homme qui, sans lui dire « qui va là ? » le fait entrer dans la chambre du comte, comme si c’eût été son maître, et, sans s’informer d’autre chose, ferme la porte après lui. Le Roi ne fut pas plus tôt

    mort de son père, François VI, qui lui-même avait porté le nom de Marcillac jusqu’en 1650.