Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, II.djvu/16

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parti cet or que vous enviait le monde, et le peu qui cri reste, des pirates en trafiquent : les guerriers automates, achetés en tout lieu, ne viennent plus en foule s’enrôler dans vos rangs mercenaires. Sur le quai désert, le marchand oisif contemple avec tristesse ces ballots qu’aucun navire ne vient plus chercher ; on voit revenir les marchandises qui n’ont pu trouver d’acheteurs et vont pourrir sur la rive encombrée ; l’artisan affamé brise son métier inutile, et son désespoir n’attend plus que le signal de la catastrophe qui s’avance. Dans le sénat de votre état qui s’affaisse, montrez-moi l’homme dont les conseils ont quelque poids. Dans cette enceinte où régna la parole, nulle voix n’est puissante ; les factions elles-mêmes cessent de plaire a une terre factieuse ; et cependant des sectes rivales agitent cette île, sueur de l’Angleterre, et d’un bras fanatique chacune à son tour y allume la flamme des bûchers.

« C’en est fait, et puisque les avertissements de Pallas sont inutiles, les Furies vont saisir le sceptre qu’elle abdique, et, promenant sur la face du royaume leurs torches embrasées, leurs mains farouches vont déchirer ses entrailles. Mais il reste encore une crise à passer, et la Gaule pleurera avant qu’Albion porte ses chaînes. La pompe de la guerre, l’éclat des légions, ces brillants uniformes auxquels sourit Bellone, les sons éclatants du clairon, le roulement sonore du tambour qui envoie à l’ennemi un belliqueux défi, le héros qui s’élance à la voix de son pays, la gloire qui accompagne la mort du guerrier, tout cela enivre un jeune cœur de délices imaginaires et pare à ses yeux le jeu sanglant des batailles. Mais apprends ce que peut-être tu ignores : ils sont à bon marché les lauriers qui ne coûtent que la mort ; ce n’est pas dans le combat que se délecte le Carnage : c’est son jour de merci qu’un jour de bataille ; mais quand la victoire a prononcé, que le terrain lui demeure, bien que souillé de sang, c’est alors que son heure est venue. Vous n’avez encore connu que par ouï-dire ses forfaits les plus atroces ; les paysans massacrés, les femmes déshonorées, les maisons livrées au pillage, les moissons