Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/118

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103. C’était donc un jour d’été, — le 6 juin : — J’aime l’exactitude dans les dates ; j’en mets non-seulement dans celle des siècles et des années, mais encore dans celle des mois. Les mois sont des espèces de maisons de poste où les destins changent de chevaux, et font changer de ton à l’histoire. Ensuite ils traversent, à bride abattue, les empires et les républiques, et ne laissent guère après eux que la chronologie, si vous en exceptez les post-obits théologiques[1].

104. C’était le 6 juin, vers six heures et demie, peut-être même plus près de sept, que Julia s’assit dans un aussi joli berceau que ceux destinés aux houris, dans les profanes cieux décrits par Mahomet et par Anacréon Moore, — Moore, à qui furent accordés la lyre, les lauriers et tous les trophées de la victoire poétique. Il était digne de les obtenir ; puisse-t-il les conserver long-tems encore[2] !

105. Elle s’y assit, mais elle n’était pas seule. Je ne sais pas au juste comment s’était ménagée une pareille entrevue ; je le saurais, d’ailleurs, que je ne le dirais pas. — Il faut toujours savoir se taire. Qu’importe les moyens dont ils se servirent ? il suffit d’être sûr que c’est Julia et Juan qui se trouvent là,

  1. C’est-à-dire les messes et recommandises fondées à perpétuité par les moribonds, pour le repos de leur ame.
  2. C’était à cette époque que Moore recevait en dépôt les Mémoires de Byron, et qu’il jurait de les publier après la mort de son confiant ami.