Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/207

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trouver éloquente cette expression qui met l’ame à découvert et présente dans un rapide regard une réponse satisfaisante. Un seul coup-d’œil lui disait un univers de paroles et de choses qu’elle ne manquait pas d’interpréter.

163. Bientôt, par le mouvement des doigts et des yeux, et à l’aide des paroles qu’il répétait après elle, Haidée lui donna une première leçon dans sa langue. Mais il étudiait moins les expressions que les yeux de son maître ; et de même que les fervens disciples d’Uranie contemplent plus souvent les astres que leur livre, Juan apprenait mieux son alpha-beta dans les regards d’Haidée, qu’il ne l’eût fait dans aucune grammaire.

164. Il est doux d’être initié dans une langue étrangère par la bouche, par les yeux d’une femme. — J’entends quand tous deux sont jeunes, le disciple et le maître, ainsi que du moins j’en ai fait l’expérience. On sourit en répétant bien ; quand on se trompe on sourit encore, et alors un serrement de main, peut-être même, un chaste baiser. — Le peu que je sais c’est ainsi que je l’ai appris.

165. C’est-à-dire quelques mots d’espagnol, de turc et de grec ; d’italien pas un seul, n’ayant pu jusqu’ici trouver quelqu’un qui voulût me l’enseigner[1]. Je ne me vante guère de parler anglais, ayant surtout étudié cette langue dans les sermons de Barrow[2],

  1. Lord Byron ne connaissait pas encore la belle comtesse Guiccioli.
  2. Barrow (Isaac), fameux théologien et mathématicien, maître de Newton, né en 1630, mort en 1677. Tillotson a donné une édition de ses œuvres théologiques, morales et poétiques, en trois volumes, qu’on connaît seulement en Angleterre.