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Page:Bystrzonowski - Notice nécrologique sur le général comte de Montebello, 1877.djvu/10

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Le soldat du troisième rang de la file de Montebello cassa la tête à son voisin de gauche, dont la cervelle resta le reste de la nuit sur son soulier. Depuis, Gustave éprouva de la répugnance pour les cervelles.

Nommé sous-lieutenant à Alger, il revint à Paris, où Louis-Philippe était déjà sur le trône. Pour bien se rendre compte de la force de routine et d’inertie des bureaux, il est nécessaire de citer ce fait. Trouvant que Montebello n’avait pas servi le temps prescrit par la loi pour être nommé officier, bien qu’en temps de guerre ce temps ne soit pas fixé, les bureaux demandaient que son grade ne fût pas reconnu ; mais le ministre de la guerre, le maréchal Soult, déchirant la proposition faite à ce sujet et la jetant par terre, dit :

« Et c’est moi qui devrais rayer des contrôles de l’armée le fils du maréchal Lannes ! jamais ! »

Nous savons avec quelle rapidité à cette époque marchaient en Europe les événements. C’était un feu d’artifice continuel, non de révolutions, mais d’insurrections nationales. Celui qui a dit que la révolution est le droit le plus sacré a proféré un mensonge, mais qui aurait l’audace et la mauvaise conscience de soutenir qu’une insurrection nationale n’est pas le plus saint des devoirs pécherait gravement contre la patrie.

Dès qu’arriva à Paris la nouvelle que Varsovie s’était soulevée, immédiatement Montebello décida en lui-même d’aller combattre pour la Pologne. Il se trouvait cependant dans une position difficile : il ne voulait faire connaître son projet à personne, pour être sûr de la réussite de son entreprise ; mais, étant à l’ar-