Page:Bystrzonowski - Notice nécrologique sur le général comte de Montebello, 1877.djvu/11

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mée, il ne pouvait pas partir sans une autorisation. Il se décida à s’adresser au général Pelet, directeur au ministère de la guerre et ancien chef d’état-major du maréchal Masséna, demandant de lui faire accorder un congé de quelques mois pour affaires fort urgentes. A cette demande, le général irrité répond, avec violence, qu’il est étonné de ce que Montebello ne comprend pas ce qu’il doit à son nom, et combien il lui manque en demandant un congé au moment où tout s’arme. Piqué par ces paroles, Gustave avoue tout son dessein. Alors le général, avec une vivacité juvénile, se jette à son cou : « Vous faites bien, c’est votre « devoir ; demain vous aurez votre autorisation. »

A l’aide des banquiers, sous le nom de M. Le Chat, notre Gustave traversa l’Allemagne ; ce n’est qu’à Berlin qu’il éprouva quelques difficultés, qui l’y retinrent toute une semaine. Depuis, le banquier qui lui avait rendu de véritables services fut même molesté, parce que les journaux de Varsovie, avec la légèreté qui distingue la presse en des moments de crise, avaient annoncé : « M. Le Chat est arrivé à Varsovie ; mais c’est le « comte de Montebello, le fils de l’illustre maréchal-duc de Montebello. » Il avait apporté 20,000 francs en or, cousus dans un gilet par sa mère vénérée, dont il fit offre à la Pologne. Il en garda la quittance du gouvernement national parmi ses plus chers souvenirs. Aussitôt il entra dans l’armée polonaise et fut adjoint à l’état-major du général Szydlowski. Dans une rencontre où, à la tête d’un escadron de lanciers, il chargeait, avec le lieutenant d’état-major Baranowski, l’infanterie russe en retraite, cette infanterie fît feu, le