Page:Bystrzonowski - Notice nécrologique sur le général comte de Montebello, 1877.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 8 —

pondu. Montebello ne l’en porta pas moins toujours, mais sous l’uniforme. Il arriva qu’un jour, à un bal à la Cour, le duc d’Orléans questionnant Montebello sur différents détails de la guerre de Pologne, ayant appris qu’il était décoré de la croix militaire, exprima le désir de la voir. Alors Montebello, la sortant de dessous son uniforme, apprit à l’héritier du trône pourquoi il la portait ainsi. Ce noble prince lui dit : « J’eusse été heureux de l’avoir méritée. » Depuis ce moment, Montebello unit le ruban de France avec celui de la Pologne, et ne porta toute sa vie que ces deux décorations, malgré qu’il en possédât beaucoup d’autres.

Le comte de Montebello passa successivement par tous les grades. En 1851, au moment où le prince Napoléon, président de la République, devait passer la mémorable revue de Satory, Montebello y vint comme colonel avec son régiment. Il y eut une discussion assez vive entre les généraux et les chefs de corps sur la question de savoir si les troupes devaient ou non accueillir le président par des vivats. Montebello se prononça nettement, annonçant qu’il ferait crier ses soldats, ne considérant pas ces cris comme une mesure de discipline militaire, mais comme un moyen de raffermir l’ordre public fortement ébranlé. Le bruit de cette discussion arriva aux oreilles du prince président ; il invita le colonel à venir le trouver, et, après une longue conversation et un assez long silence qui la suivit, le prince lui dit : « Que ne pourrait-on faire en France avec un pouvoir centralisé ? Délivrer l’Italie, peut-être rétablir la Pologne ! »

Il est encore nécessaire de rendre compte du fait