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Page:Bystrzonowski - Notice nécrologique sur le général comte de Montebello, 1877.djvu/15

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suivant, car il est aussi honorable pour Napoléon que pour Montebello. Le premier était élu empereur et venait de se marier, le second était son aide de camp. L’empereur, sachant que dans la famille Montebello on ne désirait pas que sa femme (née comtesse de Villeneuve-Bargemont) devînt dame d’honneur de la nouvelle impératrice, lui en fit lui-même la demande. Ému, il répondit immédiatement : « Sire, ma femme sera dame d’honneur, car mon dévouement sera toujours entier. » L’empereur, le prenant par la main, dit : « Et mon amitié toujours entière. »

On connaît les difficultés que l’Empire eut à traverser à son début pour se faire admettre dans le concert européen. On faisait même valoir jusqu’à la décision du congrès de Vienne, qui excluait à jamais la famille Bonaparte du trône de France, mais il y avait encore d’autres raisons qui motivaient ce mauvais vouloir. Le conseil du nouvel empereur comptait des hommes assez ardents pour préconiser la conquête de la Belgique. Cette idée était même assez avancée, et l’empereur n’y renonça que pour ne pas se brouiller avec l’Angleterre. Ce désir de faire vivre en paix deux nations jusqu’alors antipathiques, faisait dire un jour à Montebello que l’empereur, comme un habile prestidigitateur, s’appliquait à faire vivre en paix les chiens et les chats. Pour dissiper toute idée hostile à l’égard de la Belgique, l’empereur, étant au camp de Saint-Omer, désirait beaucoup que le roi Léopold vînt l’y voir. A cet effet, il envoya à Bruxelles le général de Montebello. Le roi se trouva fort embarrassé, ne voulant pas mécontenter son puissant voisin ni sortir de l’attitude réservée que