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Page:Bystrzonowski - Notice nécrologique sur le général comte de Montebello, 1877.djvu/16

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gardaient les autres souverains. Enfin , cédant aux raisonnements comme à la courtoisie du général de Montebello, le roi Léopold se décida à la démarche qu’on lui demandait, se réservant seulement un complet incognito. Inutile d’ajouter que, comme il n’était pas de l’intérêt de la France qu’il fût gardé, aussitôt que le roi des Belges eut franchi la frontière, il fut reçu avec tous les honneurs dus à son haut rang.

Cependant les événements politiques de l’Europe marchaient avec une grande rapidité, et après la célèbre conversation de l’empereur Nicolas avec l’ambassadeur anglais S. H. Seymour sur le malade se mourant, et la visite à Constantinople du prince de Mentschikoff, la guerre en Orient semblait près d’éclater. Alors, un des Polonais qui se trouvait à Constantinople, et qui était un ami personnel de Montebello, lui écrivit pour qu’il demandât à l’empereur un envoi d’armes afin d’organiser une légion polonaise. Montebello répondit : « La chose n’est pas possible, la guerre n’est pas déclarée. Patientez, pour que nous nous prenions à bras-le-corps avec le colosse du Nord. » Mais ce Polonais avait fait la même demande, par le même courrier, à M. Cintrat, directeur politique, homme aussi éminent par le cœur que par sa haute intelligence, et qui en fit part au ministre des affaires étrangères, M. Drouyn de Lhuys. Celui-ci la soumit à l’empereur, qui ordonna immédiatement l’envoi de deux mille fusils, et leur remise par son ambassadeur, le général comte Baraguey-d’Hilliers. L’organisation de cette légion ne put avoir lieu, l’ambassadeur anglais, lord Redcliff, s’y étant opposé.