Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/139

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Nous ferons notre possible pour que dans notre village on ait de l’eau propre ; il y a déjà deux puits à tube et pompe, c’est quelque chose ; du reste notre village n’est pas encore habité, et aucun d’entre nous n’est tenu de rester fidèlement à l’hôtel de ville pour braver la « camarde » comme on a reproché à Montaigne de n’avoir pas su le faire.

Voilà le taxi !

Salut chers amis,
Votre Pierre Ceresole.




Samedi, 25 mai 1935.


Départ.

« Conte Rosso », Mer d’Arabie,

N.-O. de l’Océan Indien.

J’ai passé ces deux nuits — et dormi — depuis notre départ de Bombay le 23 mai, sur le pont. Temps merveilleux (nous partons juste avant la mousson), glorieuse nuit, glorieuses étoiles, glorieux océan, glorieux horizon et glorieuses couleurs de l’aurore ! Toute cette gloire s’explique. De notre pont extrême-avant, on voit toutes les blancheurs superposées des hauts et larges étages du navire et, derrière eux, les deux cheminées qui laissent puissamment et silencieusement traîner leur vaste crinière de fumée vers l’Orient.

Vers l’Orient ! La fumée va vers l’Orient ! C’est la clé du tableau. Ça signifie que nous filons à toute vitesse vers l’Ouest, et cela explique que le spectacle — magnifique et épique en lui-même — du navire en pleine vitesse m’appa-