Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/140

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raît en outre comme transfiguré par une lumière projetée sur tout le paysage des profondeurs d’une quatrième dimension.

Nous filons vers l’Ouest ! Le soleil se lève, mais pour cette fois nous lui tournons résolument le dos. La toison d’or (coupon oriental) étale au fond du grand magasin bleu-marin son invariable splendeur. En vain, elle nous appelle. Nous décampons. Nous ne lui envoyons cette fois que notre fumée. Vite, vite, à tours précipités d’hélice… vers l’Occident !… vers l’Occident !

Grand, dernier, suprême et glorieux mouvement — non de retraite, mais de remontée vers notre position centrale à l’Ouest — vers vous tous, amis de l’Occident.

Ce n’est pas que j’oublie déjà — ou que je doive oublier jamais ceux de l’Orient avec lesquels nous venons à peine d’entamer une grande aventure et un travail qui, en tout cas, recouvre de grands espoirs.

Nos derniers dix jours aux Indes ont souligné et renforcé le lien qui nous unit à eux.


Adieux à Sonathi et à Gumani.

La veille de notre départ, dimanche 12, le soir, les villageois, ceux qui ont travaillé avec nous et les volontaires indiens se sont réunis près de nos huttes. Des toiles étendues sur le sol permettaient de s’y asseoir un peu plus confortablement. J’ai fait un « discours » d’adieu pour tous. D’autres ensuite ont parlé pour dire simplement ce qu’il était naturel de dire en pareille occasion. Ma meilleure inspiration a été de demander — après la partie « discours » — si nos amis indiens n’avaient pas l’habitude de terminer, comme nous, des réunions de ce genre par des chants. On m’a répondu affirmativement et pour la première et pour la