Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/49

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vingt-quatre heures que la technique hindoue n’a réussi à le faire en six ou sept mille ans. Nous inventons la civière qui, avec un bout de serpillière monté sur un cadre de bambou, se trouve fabriquée en dix minutes. Cela nous permet, à deux, de porter facilement la charge de trois paniers de bonnes dimensions, chargés à bonne mesure. Ainsi chacun de nous atteint immédiatement son rendement dépassant de 50 % celui du meilleur coolie ; nous sommes déjà sur la voie splendide et redoutable de la pelle à vapeur. Toute espèce de questions se posent instantanément dans ce pays où des milliers d’ouvriers manuels sont sur le point de mourir de faim. De même que la Municipalité de Lausanne, en temps de chômage, a interdit l’usage de la pelle à vapeur aux entrepreneurs travaillant pour la ville, je sens tout de suite qu’un édit va être nécessaire contre l’usage de la serpillière… en concurrence avec le « tukri » des Assyriens. Je n’aborderai ces problèmes du travail, qui rempliraient un volume, que sur les points très particuliers touchant spécialement les principes et les espoirs du service civil.

Nous payons, ai-je dit, deux annas (14,2 centimes) pour la journée d’à peu près sept heures. Nous n’en sommes pas particulièrement fiers. J’ai dit les raisons et je rappelle aux amis que leur tempérament syndicaliste ferait justement bondir, que nous ne sommes pas des planteurs de canne à sucre mais que pour ce « salaire » dérisoire ces paysans travaillent pour eux-mêmes, pour la route de leur propre village. En outre nous ne travaillons pas le samedi après-midi et pas le dimanche… Et comme les paysans doivent manger ces jours aussi, nous leur donnons leur « plein salaire » de 14 centimes aussi pour le samedi et pour le dimanche (quand ils sont venus trente-cinq pour deux annas par jour, ils ignoraient ce détail, ce boni). Le samedi après-midi ils viendront