Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/78

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zamindar… au moment même où nous travaillons presque directement au service du gouvernement et où chacun peut savoir, — la police la toute première, — que nous avons une conférence au moins par semaine avec les deux premiers magistrats du district. Il y a là quelque chose d’extraordinaire, considérant le flair qu’ont en général les auteurs de combinaisons de cette espèce pour ne s’attaquer qu’à des gens faibles.

L’affaire promet d’être si instructive pour nous, quelle qu’en soit l’issue, que je ne puis presque pas la regretter, malgré les graves inconvénients qu’elle cause à des pauvres gens accablés successivement par la misère, le tremblement de terre, l’inondation… et, brochant sur le tout, la police. Mais pouvez-vous imaginer une coïncidence plus heureuse pour celui qui cherche à se faire une opinion raisonnée et impartiale des conditions dans lesquelles vit actuellement le peuple indien, que de voir tomber à son propre domicile un incident de ce calibre.

Maintenant, nous voyons, nous touchons…

Naturellement, il convient de rester objectif, bien que ce soit difficile (un Anglais comprendra cela mieux que personne) lorsqu’on voit la vieille maman d’un pauvre garçon envoyé en prison, — très probablement par erreur ou machination criminelle — battue, et sérieusement blessée par… la police ! Si des événements de ce genre se produisaient à Londres ou Édimbourg, ils susciteraient instantanément quatre-vingt-dix pour-cent de « terroristes », c’est-à-dire de gens décidés à se faire justice à eux-mêmes.

Cet incident m’a donné l’occasion d’admirer le calme et l’équilibre parfait de Phanindra Mohan Dutta. Cette nouvelle l’a tellement peu secoué qu’il a oublié de me la communiquer. Je fixe cet incident dans le plus grand détail pour