Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/79

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que chacun se rende compte à quel point les Indiens de toute classe considèrent comme naturels et pain quotidien les incidents les plus incroyables.

Voilà un homme qui depuis onze mois travaille en collaboration constante avec le Gouvernement pour un service bénévole. Il se trouve engagé, à ce moment précis, à un Service d’entr’aide directement organisé par le premier magistrat de la Division, troisième en rang dans toute l’administration des Indes. Or, pendant qu’il va de village en village parler aux pauvres gens, la police enlève deux de ses domestiques, et, pendant cinq jours — dont trois après son retour chez lui — ne croit pas devoir lui dire un mot, lui poser une question sur toute l’affaire. Les deux domestiques et trois autres hommes qui travaillent toute la journée avec nous sont encore en prison, et la police a répondu jeudi à leurs parents qu’on ne pourrait pas les relâcher sur garanties avant les vacances de Noël !… Ces « vacances de Noël » intervenant candidement dans cette affaire — où il y a, à notre avis, quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent pour que ces accusés soient innocents —, donnent une admirable idée « in a nutshell » comme disent les Anglais, de la manière dont l’administration de la police peut être au service du public, du public pauvre en particulier.

Je savais que M. Scott, tout en me recommandant de ne pas m’emballer, m’écouterait sérieusement et sans impatience. Donc avant-hier, vendredi 21 décembre, après la séance, je demande à M. Scott de me donner un moment… Cet entretien a été excellent. M. Scott a écouté attentivement, m’a averti des surprises auxquelles il faut s’attendre avec les récits et les témoignages des gens de ce pays, et des difficultés que rencontrait la justice. Il ajoute : « Je crois que, dans ce cas, les chefs de la police ont cherché la vérité