Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/99

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munauté hindoue, avec des ouvriers, des allants et venants, des enfants, des gens qui crient, qui crachent, qui ronflent, etc…

Depuis trois semaines, tout cela est complètement changé. J’ai retrouvé le grand compagnon, le silence, avec juste assez de bruit, à grande distance, pour me faire apprécier à chaque instant les avantages de ma nouvelle habitation. C’est une grande tente à double toit, assurant une beaucoup meilleure protection contre la pluie et le soleil qu’une simple toile : exactement, deux tentes montées l’une dans l’autre.

Les flancs de la tente sont retenus par des cordes très solidement ancrées — j’ai pu m’en convaincre particulièrement cette nuit — à 29 vigoureux piquets de bambou.

Pour la saison actuelle et en temps normal, c’est une habitation idéale. Mais cette nuit, la grande épreuve est venue pour cette construction et je suis très heureux, au moment où j’écris, de me trouver confortablement installé dans mon fauteuil en bois de manguier, à ma confortable table, dans ma confortable tente, alors que j’ai vu de très près le moment où, sous la violence de l’ouragan, la tente partirait comme un fétu, en vidant son contenu dans la boue environnante due à une pluie diluvienne de quelques minutes,… ou précipitant le tout, papiers, linges, habits, dans la citerne.

C’est vers minuit que ça a commencé. Éclairs, tonnerre, rien d’excessif de ce côté… mais un courant d’air vraiment magnifique. Et alors il s’agit de ne point ouvrir la porte — la toile de devant —, sinon le vent s’engouffrant dans la construction, tout partirait… Quand le coup de vent a commencé, j’ai pu encore procéder rapidement à l’espèce de couture fermant complètement l’habitation. En même temps