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vivre sa vérité 1912–1914

eeiVous dites : l’héritage met souvent l’argent entre les mains de celui qui a la bonne éducation, pour en faire le meilleur usage. — L’argent, il est vrai, est une arme, mais en même temps, et plus encore, une cuirasse ; et la cuirasse est détestable pour le moral des gens ; elle empêche ceux qui ont été munis de moyens alertes et d’honnêteté libre, de développer ces qualités.
eeiPauvres gens ! Votre argent, vous le payez cher, habiles commerçants. Vous avez vendu votre âme et vous ne vous en doutez même pas ! C’est ce qu’on appelle : connaître bien sa marchandise et les conditions du contrat.
eeiPeu à peu, tout le poids de l’impératif moral se déplace, pour moi, du domaine sexuel vers le domaine économique.
eeiLes cérémonies de la mort — beau, profond, mais au fond impie et faux. C’est attacher une importance énorme à une boîte vide.

Le vrai culte de la mort, c’est de se retourner avec force et élan, immédiatement, vers ce qui vit.

eeiPartout où il y un effort d’harmonie, quelque chose de bien ou de beau, vous retrouverez ce qui doit survivre de ceux qui ne sont plus. C’est là que je voudrais être toujours.
eeiVieille Odyssée ! Tous ces beaux mythes, ces vieux mythes, ces vieilles expériences, ne sont pas assez beaux pour moi. Je suis neuf, je veux du neuf. La vie invente.
eeiSe mettre au-dessus des préjugés, de la morale, de la religion, c’est en vérité une liberté magnifique. Mais si les hommes la pratiquaient systématiquement, ils n’auraient plus bientôt que la liberté des bêtes féroces, vivant isolément chacune dans son antre.
eeiDemander avec obstination ; prier sans relâche ; ne pas s’effrayer des abîmes de misère que l’on trouve en soi.